Fongicides vigne 2022, une année peu propice aux maladies
Caractérisée par la sécheresse et une succession de canicules, l’année 2022 n’a pas été favorable au développement des maladies fongiques. Résultat ? Les traitements ont considérablement chuté.
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Si l’année 2021 avait été marquée par l’augmentation des traitements fongicides, 2022 se caractérise à l’inverse par un net recul des interventions. « Sécheresse et succession de canicules, les conditions climatiques de 2022 n’ont pas été propices au développement des maladies, en particulier pour le mildiou, qui a été quasi-absent cette année, quelles que soient les régions », explique Béatrice Bacher, responsable marketing fongicides vigne chez BASF. Ces conditions climatiques extrêmes ont fortement diminué le nombre de traitements, « de quasiment huit applications en 2021, on est tombé à six en 2022 », constate Auréliane Bekkal, cheffe de marché vigne, arboriculture et maraîchage chez Corteva. En conséquence, le marché fongicide subit un recul de 25 %.
- 32 % d’hectares déployés en antimildiou
La pression mildiou a été très faible en 2022 sur l’ensemble des territoires, « représentant ainsi l’année la plus basse depuis plus de dix ans en termes de consommation d’antimildiou. Les viticulteurs ont appliqué moins de 5,5 traitements », constate Béatrice Bacher. Les surfaces déployées ont par conséquent chuté de 32 %. Dans un marché mildiou en forte baisse, « Futura (dithianon + phosphonates de potassium), la solution de BASF, a consolidé sa position en termes de surfaces en progressant de près de 15 % pour couvrir plus de 110 000 ha », se félicite Béatrice Bacher. Corteva note également une légère progression de ses parts de marché antimildiou (+ 1 point) avec son offre Zorvec qui couvre aujourd’hui 250 000 ha sur les 770 000 ha de vignes cultivées. « On a fait une fois et demie nos volumes, se réjouit Auréliane Bekkal, et pas plus parce qu’on a été bloqué en termes d’approvisionnement, nos co-packs étant faits avec des partenaires qui sont sous tension. » La firme espère avec sa nouvelle offre, le pack Zorvec Zelavin Bria+, doubler les surfaces traitées d’ici 2024. De son côté, Bayer a perdu 16 % d’hectares déployés avec Profiler mais relève une hausse de 4 % pour sa solution Mikal Flash. La firme, « deuxième acteur derrière BASF, a vu ses parts augmenter de 2,5 points et représente actuellement 18,3 % du marché antimildiou », affirme Hermann Yadjia, chef de marché vigne, arboriculture et maraîchage chez Bayer.
Le marché anti-oïdium victime des interdictions
Côté anti-oïdium, avec une part de marché en hausse à 21,4%, Bayer est numéro un. À noter qu’en 2021, le marché a été victime de l’interdiction des produits à base de fenbuconazole et de myclobutanil. Corteva s’est ainsi vu perdre trois de ces produits : Ecrin pro, Systhane power et Systhane flex. Avec deux produits restant à base de proquinazide, Associate et Talendo, la firme « a perdu la moitié de ses parts sur le marché anti-oïdium et représente actuellement moins de 2 % », rapporte Auréliane Bekkal. Chez BASF, « nous estimons que près de 50 % des hectares de vigne reçoivent un traitement Vivando, ce déploiement en fait le second anti-oïdium du marché (hors soufre) », déclare Béatrice Bacher. Sur le marché du soufre, Jérôme Rouveure, chef produit chez Phyteurop, se félicite d’avoir progressé de 6 points avec ses trois spécialités : Lucifere, StartUp et Dartagnan. Lucifere (photo ci-contre, en 300 l) n’a pas eu d’effet « brûlure » lors des expérimentations à dose recommandée (5-7,5 l/ha), un avantage au vu des fortes chaleurs de cette année. En effet, comme l’explique Pierre Guillaume, responsable campagne régional chez Syngenta, « cette année, certains viticulteurs ne voulaient plus passer de soufre parce que les températures étaient trop élevées et que certains produits peuvent occasionner des brûlures. Les ventes de Taegro (à base de Bacillus amyloliquefaciens) ont ainsi continué de progresser en alternative à ces produits. »
Antibotrytis : « Le marché continue sa contraction »
« En lien avec un climat qui s’assèche, des vendanges plus précoces et donc des raisins moins soumis aux précipitations juste avant vendange, le marché des antibotrytis continue sa contraction », explique Camille Huet, responsable marketing chez Philagro. En effet, aujourd’hui le marché ne représente plus que 0,052 Mha déployés.
« Avec les fortes chaleurs, des impasses de traitements contre le botrytis ont été faites, s’inquiète Nicolas Fillot, responsable marché vigne, culture fruitière et maraîchère chez Belchim. C’est un marché en baisse mais qui ne doit pas être sous-estimé car les conséquences sont importantes en matière de quantité et de qualité. » Malgré le contexte, Belchim a progressé avec sa solution Kenja de l’ordre de 30 %. La firme a également annoncé sa fusion avec Certis courant 2023 pour former Certis Belchim qui prévoit un nouvel anti-oïdium pour 2024.
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